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PROLOGUE.

Mill’s devait croire que ses huit fils partageaient avec lui ces sentiments.

— Il y a, poursuivit Mill’s, que nos frères viennent en aide encore une fois aux orangistes et se font nos plus cruels adversaires… Il y a que des bandes de traîtres sans aveu recommencent les sanglants exploits des Whiteboys et des Pieds-Noirs… Des gens qui viennent on ne sait d’où, et qui se cachent sous le nom de Mollies, attirent à eux les fous et les faibles pour les enrôler dans leur armée incendiaire…

— J’ai entendu parler de cela, interrompit froidement Mickey.

— Les Molly-Maguires, ajouta Morris d’un ton respectueux, mais ferme, sont des Irlandais et des catholiques, mon père !

— Est-ce bien un Mac-Diarmid qui parle ainsi ? s’écria le vieillard en recouvrant soudain toute la fougueuse vivacité du caractère national ; taisez-vous, Morris ! taisez-vous !… Les brigands qui déshonorent l’Irlande ne sont pas des Irlandais… Et si vous vous souveniez des paroles de notre père O’Connell…[1].

  1. On sait que Daniel O’Connell flétrit en toutes occasions les membres des sociétés secrètes, et combat de toute la force de son influence la formation d’un parti de la guerre en Irlande.