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LES MOLLY-MAGUIRES.

— Je m’en souviens, dit Morris, et je les trouve sévères.

Mill’s devint pâle d’indignation.

— Tais-toi ! dit-il à voix basse, ou j’aurai honte d’être ton père !…

La belle figure du second des Mac-Diarmid ne perdit point son expression de tranquille respect.

Il ne prononça plus une parole.

Ses frères baissaient la tête et semblaient souffrir de cette scène.

Le regard d’Ellen allait de l’un à l’autre, inquiet et perçant. On eut dit qu’elle lisait sur tous ces fronts comme en un livre, et qu’elle sondait le fond de tous ces cœurs.

Pat avait pris un air humble et contrit, sous lequel se montrait la queue d’un malin sourire.

Il grommelait.

Œh !… arrah !… faith !… ma bouchal !… musha !… et ces mille autres interjections dont la loquacité irlandaise fait un usage immodéré.

Et il mangeait sournoisement une quantité considérable de pommes de terre non pelées.

Le vieux Mill’s ne prit point garde à la sombre attitude de ses fils, et se sentit désarmé par ce docile silence qui succédait à la discussion bruyante.