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PROLOGUE.

Il tendit la main à Morris au travers de la table.

— Mon beau gars, dit-il d’un ton radouci, vous êtes trop jeune pour parler comme il faut de ces choses… Je sais bien que les têtes légères des garçons de votre âge ne comprennent rien à la sagesse des vieillards… C’est sur cela que comptent les coquins de Mollies et leurs pareils… Buvez un coup, Morris, mon fils, et ne gardez point rancune à votre père.

Morris serra la main du vieillard avec effusion, et son noble visage exprima énergiquement toute la vivacité de sa tendresse filiale.

— Merci, père, dit-il.

Et, comme si le bienfait eût été commun, les autres Mac-Diarmid repétèrent :

— Merci, père.

— Och ! murmura Pat en essuyant ses yeux qui ne pleuraient point ; ça fait grand plaisir, ma bouchal ! de voir de si braves chrétiens !… Que Dieu vous bénisse tous, mes chéris !

— Quant à ces scélérats de Mollies, reprit Mill’s, leurs façons ne sont point nouvelles… Moi qui ai vu les Enfants-Blancs, les Cœurs-de-Chêne, les Cœurs-d’Acier, les Enfants de lady Clare, les Rockistes, les Fils de la mère Terry, les Pieds-Blancs, les Pieds-Noirs, les Caravats et