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PROLOGUE.

de nuit, en passant le long des corridors obscurs, n’attirait l’attention de personne.

Ils arrivèrent sans encombre au but de leur excursion.

— Voici la chambre du Saxon, dit Pat qui était plus mort que vif. Puis-je me retirer, mon bon maître ?

— Non, répliqua l’homme au carrick ; attends-moi là, ta besogne n’est pas finie.

Il tourna le bouton de la porte et entra. Pat demeura défaillant au dehors.

Chacun sait que servir deux maîtres à la fois est un dangereux métier. Pat servait deux maîtres, et la vaillance n’était point son fort.

Il se collait à la muraille, il s’aplatissait et retenait son souffle, priant saint Janvier de tout son cœur, implorant saint Patrick qui était un peu son patron, et ponctuant sa prière d’une multitude de ma bouchal ! prononcés tout au fond de son âme.

À chaque instant il croyait sentir dans ses cheveux crépus la main redoutable du middleman

La chambre du Saxon n’était éclairée que par une chandelle de jonc placée à l’une de ses extrémités. À l’autre bout, on voyait un lit sur lequel un homme était étendu.