Page:Féval - La Quittance de minuit, 1846 - tome 1.djvu/78

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
70
PREMIÈRE PARTIE.

grimacer dans son indicible détresse. Il meurt de faim, il tue et il fait des cabrioles.

Et, parmi vingt actions dirigées en sens contraire, la destinée s’accomplit…

Ces convulsions vont s’apaiser. La convalescence s’annonce. Quelques années encore, et les nuits sans lune ne s’éclaireront plus au feu de l’incendie. Le sang ne coulera plus ; le whiteboysme aura déchiré son masque et brisé son poignard.

On ne se rappellera plus les burlesques francs-maçons orangistes ; on aura oublié les ventes terribles où se réfugiait la misère courroucée du catholique expulsé de sa chaumière.

Alors viendra l’histoire avec son pinceau respectable, l’histoire honnête, et digne, et prude, dont chaque mensonge vaut dix vérités inscrites aux pages frivoles du roman
 

Le gai soleil de juin enfilait la voie étroite de Donnor-street à Galway ; ses rayons, frappant obliquement la ligne irrégulière des maisons, mettaient alternativement de grandes ombres et de vives lumières à leurs façades sculptées.

Galway est la perle de l’Irlande ; c’est la cité romanesque, la ville épique, gardant au fronton de ses demeures les belles fantaisies que le