Aller au contenu

Page:Féval - La Quittance de minuit, 1846 - tome 1.djvu/93

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
85
MAC-DIARMID.

buste, Fanny, ne le pensez-vous pas ? et de poétique… Mais que Dieu nous protége, ma nièce ! l’Irlande est au pape… et le pape est l’Antechrist.

Francès rêvait.

— Et que peut être l’Antechrist, déclama Fenella Daws, sinon Satan, le grand ennemi ?…

— Assurément, murmura Francès avec distraction.

Mistress Daws la regarda en dessous.

— Quel a été le sentiment de ces sauvages, pensa-t-elle, en nous voyant glisser, ma nièce et moi, sur le gazon des rives du lac ?… Ils ont la poésie du Nord… leurs bardes nous ont sans doute chantées déjà sur la harpe héroïque… et leurs vers nous comparent, je le crois, à deux divinités descendues des nuages… Je voudrais bien voir leurs vers.

— À quoi pensez-vous, Gibbie ? demanda en ce moment avec brusquerie le sous-intendant de police.

Le pauvre Roe avait penché sa tête rêveuse sur son sein. Peut-être songeait-il à ces jours de misère insoucieuse où il allait par les grands bogs du Connaught, défiant la faim, défiant le froid et chantant les vieux airs des bardes de l’île verte.