Page:Féval - La Quittance de minuit, 1846 - tome 2.djvu/126

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
118
DEUXIÈME PARTIE

des quantités de terres irlandaises et les font gérer par des intendants domiciliés dans quelque grande ville des quatre provinces. Ces intendants ont des sous-agents sur les lieux ; ceux-ci sont, vis-à-vis des intendants, ce que les intendants sont à l’égard des banquiers, ce que les banquiers sont pour les landlords. De sorte que tel misérable champ de pommes de terre, à peine suffisant pour nourrir le fermier qui le cultive, doit servir encore des bénéfices aux sous-agents, des bénéfices à l’intendant, des bénéfices aux banquiers et la rente principale du landlord.

Le tenancier meurt à cette tâche impossible ; les entremetteurs s’engraissent ou sont assassinés : c’est la règle.

Quant au lord, il touche sa rente, et ne va point sonder vraiment cet abîme de misère où se puise l’or qui emplit incessamment ses coffres…

Montrath reçut d’un air impassible la déclaration des middlemen.

— Et vous, maître Crackenwell, dit-il ; n’avez-vous point quelque requête de ce genre à m’adresser aussi ?

— Je vis sur le domaine de Votre Seigneurie, répliqua l’intendant ; cela me suffit, et je ne cherche point à faire fortune.