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LES SAXONS.

— Faire fortune ! répétèrent les agents subalternes d’un ton larmoyant. Ah ! seigneur Jésus ! faire fortune dans notre pauvre Connaught, en menant le métier de middleman !…

— J’y ai mangé mes petites économies, ajouta Mellyn en adressant au lord un patelin sourire.

— Il y a longtemps que je n’ai plus d’économies ! soupira Noose qui secoua sa grosse tête.

— Nous sommes pauvres, pauvres, pauvres ! gémirent les autres ; plus pauvres que des mendiants !…

Et tous répétèrent en chœur :

— Ah ! quel métier ! Seigneur Jésus ! quel métier !

Montrath releva sur eux son regard froid et lassé.

— Vous êtes de bons garçons, dit-il, et je veux faire quelque chose pour vous… J’étais venu avec l’intention de vous imposer à chacun une augmentation de trois cents livres.

— Trois cents livres ! s’écrièrent à la fois les middlemen.

— Trois cents livres, répéta paisiblement lord George ; mais puisque les temps sont difficiles, Dieu me garde d’augmenter vos embarras !… L’année prochaine je diminuerai vos fer-