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DEUXIÈME PARTIE

— Je le mets à huit cents.

Les middlemen saluèrent respectueusement et se retirèrent à demi consolés.

En définitive, c’étaient leurs pauvres fermiers qui devaient payer cet impôt extraordinaire, et il fallait bien que les tenanciers de Montrath donnassent la bienvenue à leur aimé seigneur.

Ils n’avaient même pas essayé de discuter, parce qu’ils savaient parfaitement que toute discussion était inutile. À quoi bon parler de la misère des paysans et de l’accroissement de famine que cette exaction nouvelle allait porter dans les misérables cabanes ?

Ils allaient être obligés d’élever les redevances d’autant et de chasser sans pitié les fermiers à l’année qui ne pourraient pas solder cette rente exagérée.

Des familles nues allaient descendre dans les bogs, sans pain et sans asile…

Mais milord avait besoin d’argent.

George Montrath et Robert Crackenwell restèrent seuls.

Le lord quitta le centre du sofa et prit place à l’une de ses extrémités, invitant du geste Crackenwell à s’asseoir.

Crackenwell s’assit sans se faire prier, et plu-