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LES SAXONS.

poignée de misérables qui m’entoure et qui me fait peur.

— Essayez ! murmura l’intendant sans s’émouvoir.

Montrath, en un mouvement de rage aveugle, fit un pas en avant et leva son poing terme.

Crackenwell ne bougea pas.

Montrath, au lieu de frapper, laissa retomber ses bras le long de ses flancs ; son front se courba sous la conscience de sa détresse.

— Robin, dit-il d’un ton suppliant, nous avons été amis autrefois… ayez pitié d’un vieux compagnon… Cette femme, à qui j’ai fait tant de mal serait moins impitoyable que vous… elle me pardonnerait ! Vous savez où elle est ; dites-moi sa retraite.

Crackenwell cessa de jouer avec les franges de l’ottomane, et regarda le lord d’un air étonné.

— Ne savez-vous point où Mary Wood l’a conduite ? demanda-t-il.

— Je sais, répondit le lord d’une voix basse et tremblante, qu’elle est enfermée vive dans une sorte de tombeau… Voilà tout.

Crackenwell eut un long et franc éclat de rire.

— Cette Mary est une femme de tête s’écria-t-il. Eh bien ! milord, je n’en sais pas plus