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LES SAXONS.

Aux premiers haillons, d’autres haillons s’attachaient ; à ceux-ci, d’autres encore : c’était comme une longue tenture de pantalons troués, de jupons en lambeaux et de bribes à mille franges dont l’usage ne se pouvait point deviner.

Tout cela descendait, humide, et se balançait lentement au vent froid du matin, qui se chargeait d’un fade parfum de misère,

Pour passer, il fallait écarter de la main ces loques lourdes et roidies qui retombaient à hauteur d’homme.

Au-dessous, le ruisseau noir s’emplissait d’un liquide sans nom, épais, visqueux, immobile.

Des deux côtés du ruisseau il y avait une manière de chaussée étroite qui n’était que fangeuse.

La prison de Galway, vieille masure bâti moitié en bois, moitié en maçonnerie, s’élève au bout de cette rue et enfonce ses logis confus au milieu d’un pâté de maisons qui les cache.

Deux piliers de pierre soutiennent le portail, dont les vastes battants doublés de fer s’ouvrent en grinçant au-dessous de l’écusson du Royaume-Uni.

Rien n’annonce au dehors un édifice considérable, et l’on s’étonne que Galway, qui pos-