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LES SAXONS.

tholique et, le soir des dimanches, la lutte brave entre les forts garçons de la montagne.

Le pauvre perd autant que le puissant. La liberté, ce bien cher qui remplaçait pour lui tous les autres biens, lui manque. Et il souffre, comme le riche privé de son luxe, de son faste et de ses jouissances enviées.

Mais il y avait une chose plus pénible pour Mill’s Mac-Diarmid que la perte même de sa liberté.

On l’accusait de meurtre et d’incendie, lui qui, depuis vingt ans, était entre les lacs et la mer l’apôtre de la paix ! On l’accusait de faire partie des associations secrètes, lui dont la longue vie s’était passée au grand jour, lui qui vénérait Daniel O’Connell comme un oracle, lui qui mettait sa force et sa vieille influence à combattre les associations !

On lui avait jeté au visage ce nom de ribbonman, qu’il regardait comme le plus cruel des outrages ; on avait vu en lui l’un des suppôts de Molly-Maguire, cet être fantastique et destructeur qui était à ses yeux le fléau de l’Irlande, et qu’il eût voulu tuer de sa propre main.

C’était là sa peine, son supplice.

Mais, comme toute âme pure, il gardait confiance en la justice des hommes et attendait avec