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LES SAXONS.

sont plus tranquilles dans ce lit que vous m’avez donné, mes enfants… Le matin, ma vue se repose sur ces pauvres arbres, prisonniers comme moi… Il leur manque le bon air des campagnes, la pluie et le soleil ; mais ils vivent.

— Vous, au moins, père, dit Morris, vous n’êtes pas cloué comme eux à ce sol de captivité… Bientôt vous serez libre.

— Dieu est juste, mon fils Morris, répliqua le vieillard gravement ; j’espère en lui.

Il se fit un court silence après lequel Mill’s Mac-Diarmid poursuivit :

— Et la ferme, enfant ?… Parlez-moi de tous ceux que j’aime… Excepté le pauvre Natty, que je n’ai pas vu depuis bien longtemps, je vous reçois chacun à votre tour, mais je ne vous vois plus ensemble comme autrefois, tous réunis, tous amis autour du repas de famille… Ah ! c’était un bon temps, mon fils !

Le vieillard hocha lentement sa tête blanche.

Il croyait Natty malade à la ferme du Mamturck. On lui avait caché sa mort pour ne point augmenter les sombres ennuis de sa prison.

De même on lui avait caché les tristes nouvelles venues de Londres. Il croyait Jessy O’Brien, sa fille chérie, heureuse et habituée à son sort nouveau.