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DEUXIÈME PARTIE

sévère ; mais, taisez-vous, mon fils Morris, ou la pitié va se changer en mépris… Ne le savez-vous pas ? l’Irlande est engagée dans une guerre légale. Tout Irlandais qui résiste à la loi est un traître… Non, non ! je ne veux pas que le nom du vieux Mill’s soit un drapeau pour la révolte !… Je ne veux pas que les garçons des Mamturcks et du Connemara descendent armés sur Galway pour donner aux dragons maudits le droit de verser le sang catholique !… Ils sont venus déjà, vous le savez. Quand je fus traîné en prison, tout le pays entre les lacs et la mer se souleva… C’était la plus grande douleur qui pût affliger ma captivité… Oh ! Morris, mon fils, je ne veux pas !… À quoi bon d’ailleurs désormais ?… L’heure de la justice approche… Aujourd’hui même, le magistrat va venir dans ma prison pour me faire subir un dernier interrogatoire. Il n’y a contre moi ni preuves ni témoins : il y a pour moi mon innocence… Fuir serait non-seulement lâcheté, mais folie, puisque la victoire est sûre et qu’un peu de patience amènera l’instant du triomphe !

— S’il en était ainsi, répliqua Morris tristement, mes frères ne m’eussent point envoyé vers vous, et je n’aurais point accepté la mission de combattre votre volonté respectée… Mais,