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LES SAXONS.

— Longue vie à O’Connell ! répéta machinalement Morris.

Puis il ajouta, en pressant son cœur d’un geste passionné :

— Et que Dieu sauve l’Irlande !

Mill’s leva sur lui son regard attentif. Il y eut un instant de silence ; quelque chose de froid était entre le père et le fils.

Ce fut Morris qui reprit le premier la parole.

— Mac-Diarmid, dit-il, vous avez déjà refusé par trois fois votre délivrance… Et pourtant votre captivité se prolonge… la tristesse est dans votre maison… Vous souffrez et vos fils souffrent… Au nom de tous mes frères, je viens vous demander une fois encore de vous laisser sauver par nos mains.

Les sourcils blanchis du vieillard s’étaient rapprochés et son œil sombre regardait la terre.

— Depuis mon absence, murmura-t-il, mes fils ont eu le temps d’oublier à m’obéir… je leur avais défendu d’ouvrir la bouche à ce sujet… Mais que vaut l’ordre d’un vieillard au temps où nous sommes ?…

— Père ! oh ! père ! dit Morris avec une soumission émue, nous vous aimons et nous vous respectons… Ayez pitié de nous !

— J’ai pitié, répliqua le vieillard d’un ton