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LES SAXONS.

plus beau et le plus vaillant. Vous étiez l’orgueilleux amour de votre mère, qui est au ciel, et votre vieux père a senti souvent au fond de son âme trop de fierté mondaine quand il vous voyait si bon et si brave… Dieu vous a donné, mon cher fils, tout ce qui élève un homme au-dessus des autres hommes… Oh ! je vous le demande, rendez à la patrie tout ce que vous a donné Dieu !… Soyez dévoué, soyez infatigable !… Allez et conduisez vos frères sur la route qui mène au salut de l’Irlande ! Vous serez huit intrépides soldats dans l’armée du Libérateur, et, quand viendra l’heure de la délivrance, Mac-Diarmid n’aura point failli d’apporter sa pierre au grand édifice de la liberté irlandaise… Morris, me promettez-vous de m’obéir ?

Les yeux du jeune homme se baissèrent.

— Je promets de vivre, murmura-t-il d’une voix émue je promets de mourir pour l’Irlande !

Son noble front rougit de pudeur, tandis qu’il prononçait ces paroles ; car au fond de cette promesse sincère il y avait une tromperie.

Pour Mill’s, l’Irlande c’était O’Connell, et Morris ne voulait point servir O’Connell. Mais il ne vint point à l’esprit du vieillard qu’un enfant élevé sous son toit pût chercher ailleurs que dans O’Connell et le Repeal le salut de l’Irlande.