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DEUXIÈME PARTIE

Il prit la main de Morris et la serra entre les siennes.

— Merci, enfant, dit-il, vos frères vous aiment et oui confiance en vous… Ils suivront la voie que vous leur montrerez… je vais mourir tranquille.

Le visage de Morris se couvrit de pâleur. Cette conclusion attendue lui brisa l’âme. Il connaissait son père ; il savait que, sous cette vivacité doit l’âge n’avait pu glacer toutes les juvéniles ardeurs, le vieillard gardait une force de volonté indomptable.

En ce premier moment, il ne trouva point de paroles.

— La session ne s’ouvre que demain, reprit Mill’s avec une sorte de gaieté. J’aurai le temps d’apprendre la défaite de ce coquin de Sullivan et le triomphe de notre cher Derry, que Dieu le bénisse ! Je n’aurais pas aimé à mourir avant de savoir cela… Ce misérable Sullivan ! ce cher bon garçon de Derry !… Et si Daniel O’Connell est encore à Galway avant la sentence, il viendra sans doute donner une poignée de main à son vieux compagnon. Jésus ! le digne cœur ! Je suis sûr qu’il consentirait à me défendre devant le jury, mais il faut lui laisser tout son temps pour l’Irlande…