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LES SAXONS.

— Mon père, mon père chéri, interrompit Morris que ces paroles navraient, je vous en supplie, songez à vos fils qui vous aiment.

Un nuage passa sur le front souriant du vieillard.

— Vous me rendrez triste, Mac-Diarmid, dit-il d’un ton résolu, mais vous n’y gagnerez rien… Ma voie est tracée… il n’est pas en mon pouvoir d’enlever l’échafaud qui se dresse au bout.

— Écoutez ! reprit Morris, vous êtes chrétien, et Dieu défend de se tuer… rester ici c’est appeler la mort, c’est mourir volontairement… c’est braver la loi que nos prêtres nous enseignent du haut de la chaire sacrée !

La franche figure du vieillard exprima un instant le doute et la frayeur. Durant soixante ans la religion avait été son guide et son aide. À l’heure de mourir il craignit d’offenser Dieu.

L’œil de Morris suivait avec un ardent intérêt la série des pensées qui se reflétaient sur les traits mobiles de son père.

Un instant l’espoir rentra dans son âme ; Mills avait baissé la tête, et ses yeux timides disaient l’hésitation de sa conscience.

Mais bientôt son front se redressa, austère et calme.

Ses sourcils se froncèrent légèrement.