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DEUXIÈME PARTIE.

Un gros homme rose et souriant, cachant sous une apparence débonnaire une méchanceté de léopard.

— Il faut venir dans le sauvage Connaught, murmura-t-elle en se tournant à demi vers sa nièce, pour trouver cette couleur !… Voyez, miss Francès, y a-t-il un geôlier comme cela à Newgate ?… Trouverait-on an porte-clefs comparable à celui-ci dans toutes les prisons de Londres ?

Elle tira précipitamment de sa poche un vaste portefeuille, sur le vélin duquel sa main sèche et pointue griffonna quelques phrases à la hâte.

— Je note mes impressions, mon enfant, dit-elle, je fixe ma pensée… Je ne veux rien oublier, afin de raconter à nos amis de Fleet-street nos aventures d’Irlande, avec tous leurs détails.

Miss Francès ne répondait point. Jusqu’à l’arrivée du prisonnier et de son fils, le charmant visage de la jeune Anglaise avait gardé son expression froide et un peu sévère.

Maintenant il y avait sur ses joues, sur son front, sur son beau cou, si blancs d’ordinaire, une épaisse rougeur ; son sein battait sous l’étoffe chastement croisée de sa robe.

Elle regardait Morris, et son âme était dans ses yeux.