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LES SAXONS.

guires sortaient de la galerie du Géant. Le jour, qui commençait à poindre, éclairait faiblement les objets dans la misérable demeure.

On voyait la brume des bogs blanchir et s’illuminer à travers les nombreuses crevasses des murailles.

La lumière, qui tombait de biais sur les deux enfants endormis, éclairait leurs membres grêles à travers les grands trous de leurs haillons, et faisait ressortir les tons hâves de leurs petites figures ravagées par la misère.

C’était une petite fille de onze ans à peu près et un garçon qui pouvait avoir une année de moins. Ils étaient de la même taille et se ressemblaient presque trait pour trait.

Leurs pauvres petits visages souffrants étaient enfouis dans les masses mêlées de leurs énormes chevelures. Leurs traits avaient de la douceur et peut-être n’eût-il fallu qu’un peu de bonheur pour y mettre la souriante beauté de l’enfance.

Mais ils étaient si pâles, si maigres, si chétifs ! L’air mortel des bogs pesait si lourdement sur leurs pauvres poitrines !

Ils avaient eu faim si souvent et si longtemps !

Le garçon était couché en travers, aux pieds de sa sœur, qui se faisait un oreiller de son bras arrondi.