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DEUXIÈME PARTIE

Leur sommeil était pesant et inquiet tout à la fois. Par instant ils demeuraient comme accablés sous l’oppression qui serrait leur poitrine ; puis, ils s’agitaient sur leur couche humide ; la sueur perlait sous leurs longs cheveux, et leurs bouches qui brûlaient murmuraient une plainte.

La petite fille se dressa tout à coup sur son séant.

Elle jeta autour de la chambre le regard égaré de ses grands yeux. Ses deux mains pressèrent sa poitrine haletante.

— Jésus ! Lord ! dit elle, que j’ai faim !

Elle se prit à marcher à quatre pattes, la tête presque sur le sol, flairant les débris de toutes sortes comme un animal sauvage et cherchant dans la poussière.

Mais elle avait cherché tant de fois déjà ! il n’y avait rien ! La dernière pelure de pomme de terre avait été dévorée dès longtemps…

Un cri sourd râla dans la gorge de la jeune fille, qui regagna sa couche de paille en rampant.

Elle s’y assit et appuya son dos contre la muraille mouillée.

— Paddy ! murmura-t-elle, mon petit frère Paddy… je crois que je vais mourir !…

L’enfant ne s’éveilla pas tout de suite. Il s’a-