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LES SAXONS.

— Moi aussi, répliqua Paddy qui perdit son sourire. J’ai grand’faim !… Il y a comme une main de fer qui se remue au dedans de ma poitrine vide… Mais, ma pauvre sœur, comme je mangeais !… Qui vit jamais des pommes de terre si grosses ? Les pains d’avoine étaient grands comme moi !

Le dos de Su glissa le long de la muraille et sa tête retomba sur son bras.

— Du pain ! oh ! du pain ! dit-elle d’une voix qu’on entendait à peine.

Paddy, chancelant à son tour, se renversa sur la paille en balbutiant le récit de son rêve.

Les deux enfants dormaient. Tous deux souriaient dans leur sommeil. L’image évoquée leur apparaissait de nouveau sans doute, et ils songeaient qu’il y avait du pain dans la cabane…

Le jour était levé tout à fait. À sa clarté brillante la triste demeure paraissait plus nue encore, s’il est possible, et plus misérable qu’aux lueurs douteuses du crépuscule.

Au dehors, la brune matinière s’étendait sur la vaste solitude des bogs, et rien ne troublait, à plusieurs milles à la ronde, l’uniforme et lourd silence.

Un bruit lointain et vague se fit pourtant.