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DEUXIÈME PARTIE

C’était comme le son léger du pas d’un poney, frappant le gazon sourd des tourbières.

Ce bruit approchait rapidement.

Une forme vague apparut parmi la brume, pour se cacher un instant et reparaître bientôt plus proche.

C’était un cavalier qui courait au galop en zigzag, suivant les capricieux sentiers des langues de terre ferme qui tournent autour des flaques d’eau croupies.

Au bout de quelques secondes, on aurait pu reconnaître la taille courbée et les haillons de Gib Roe.

Gib semblait fatigué. Ses cheveux qui, d’ordinaire, se hérissaient autour de son crâne montueux retombaient, amollis par le brouillard du matin et par la sueur qui baignait leur racine.

Il mit pied à terre au bas du petit tertre qui servait d’assise à la cabane. Il le monta en quelques enjambées rapides, et fit sauter la claie en dedans d’un coup de shillelah.

Paddy et Su s’agitèrent sur la paille en murmurant faiblement des plaintes, mais ils ne s’éveillèrent point.

Gib avait autour de sa ceinture, sous son carrick en lambeaux, un bissac de toile qu’il mit à cheval sur la corde de paille.