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DEUXIÈME PARTIE

tant qu’ils pouvaient, fouillant du regard les poches de leur père.

Une expression de consternation profonde se répandait sur leurs pauvres petites figures hâves et décharnées.

Ils ne dirent rien pourtant, et chacun d’eux alla prendre une des mains de Gib pour y mettre une caresse.

— Oui, oui, mes anges chéris, murmura Roe, j’aurais donné mon âme à Satan pour vous deux !

— Bonjour, père, dit bien doucement la petite Su.

Paddy répéta :

— Bonjour, père.

Roe les prit tour à tour dans ses bras et les baisa passionnément.

Puis il mit à les repousser une sorte de brusquerie, et ses gros sourcils se froncèrent.

— Arrah ! grommela-t-il ; sans ces petites gens-là, j’aurais bonne conscience et les rêves de la nuit ne me feraient pas peur !

— Mon père Gib, dit Su, dont la faim torturait l’estomac frêle, apportez-vous quelque chose à manger ?

Paddy regarda son père d’un air craintif et s’approcha plus près.