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LES SAXONS.

de leurs haillons. Ils étaient tous les deux fluets et frêles, mais gracieux et vifs. Leur course légère franchissait tous les obstacles comme par magie. On voyait flotter et s’agiter derrière eux les masses éparses de leurs longs cheveux.

Le soleil montait lentement au-dessus de la ligne de l’horizon, et son disque large apparaissait, rougi, parmi la brume.

Il était un peu plus de huit heures du matin.

Un instant encore le regard de Gib suivit les formes sveltes des deux enfants qui glissaient en zigzag dans le brouillard, puis les formes se firent indécises ; une muraille grisâtre tomba entre elles et le regard de Roe.

Il y avait désormais tout autour de lui un voile uniforme qui cachait de tous côtés l’horizon, et en deçà duquel on n’apercevait rien, sinon la solitude plate du bog.

Le coupeur de tourbes rentra dans sa cabane, et prit par habitude une des bêches tranchantes qui lui servaient à enlever le gazon ; mais il la rejeta bientôt et s’assit rêveur sur la paille.

Ce métier n’était plus le sien. C’était peut-être la dernière fois qu’il voyait les murailles nues, mais chères, de sa misérable demeure…

Les deux enfants couraient maintenant perdus dans le vaste désert des bogs. Il n’y avait point