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LES SAXONS.

mousquets jouèrent le rôle d’orateurs, l’indécision eut un terme. Quelques paysans qui portaient sur le dos, en bandoulière, des cornets à bouquins, se détachèrent du groupe principal et s’éloignèrent dans diverses directions.

On les vit s’avancer avec précaution, sauter çà et là les flaques de boue les moins larges, puis se cacher enfin dans quelques bouquets de bog-pines.

Les uns se tenaient en deçà, les autres au delà du cours du Doon. C’étaient comme des sentinelles chargées de surveiller le passage dangereux.

Le gros du groupe se mit en marche à son tour, après qu’une demi-douzaine de larges bouteilles eurent circulé de rang en rang et reçu l’accolade de chacun.

Ils descendirent du tertre où ils s’étaient tenus jusqu’alors et poussèrent vers le passage du Doon, aussi directement que le leur permettaient les difficultés du terrain.

Ils atteignirent la chaussée de planches et mirent leurs jambes nues dans la vase, le long de ses bords vermoulus.

Le plus grand nombre était à cheval sur les troncs d’arbres, afin de ne se point noyer dans l’océan de boue qui s’étendait autour deux.