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DEUXIÈME PARTIE

Lui qui aimait tant à manger beaucoup et à ne travailler guère !…

Gib Roe était aussi parmi les ouvriers de destruction ; sa bêche tranchante attaquait le bois vermoulu avec une sorte de fureur. Au fond de l’âme, Gib Roe pensait bien contribuer à une œuvre pie, et il se disait, le malheureux, que le meurtre des dragons protestants compenserait ou à peu près dans la divine balance le meurtre de Mac-Diarmid catholique.

Les hommes armés de mousquets s’échelonnaient le long de la chaussée et veillaient. Un seul parmi eux portait le voile noir sur son visage. C’était un grand jeune homme aux formes élégantes et souples. Sa tête se penchait sur sa poitrine dans une attitude d’hésitation et de tristesse.

Il était appuyé sur son mousquet et demeurait immobile depuis que le premier coup avait attaqué la chaussée.

— Hardi, mes bons garçons ! disait Mahony le Brûleur, dont la hache tranchait le bois comme du fromage. Ce sont ici les apprêts du bal !… à bientôt la danse !

Och ! criait Mac-Duff, qui poussait et retirait sa scie avec effort ; nous méritons bien de voir quelque chose de joli, car la besogne est rude.