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LES SAXONS.

revers de sa main son front tout ruisselant de sueur, je vais essayer ça.

Les madriers étaient coupés de distance en distance, de manière à pouvoir basculer sur les troncs d’arbres qui leur servaient d’appui. Mahony monta sur un de ces troncs d’arbre dont l’extrémité dépassait le rebord de la chaussée ; il mit son pied sur la planche que le poids de son corps fit tourner lentement.

Une acclamation générale accueillit cette épreuve.

— Le Brûleur est bien lourd, dit Mac-Duff, mais les chevaux des Saxons sont aussi lourds que lui.

— C’est pourtant moi qui ai scié la planche à cette place, murmura le pauvre Pat ; et dire que personne ne m’en sait gré !…

Le jeune homme au masque noir était toujours appuyé d’une main sur son mousquet ; son autre main soulevait un coin de son voile.

Sous la toile était la figure pâlie et fatiguée de Jermyn Mac-Diarmid.

Il regardait l’œuvre de destruction d’un œil morne et alourdi.

Il y avait sur son visage une amère détresse, et une tempête était dans son cœur. Son âme, que Dieu avait faite généreuse, se révol-