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DEUXIÈME PARTIE

tait d’instinct énergiquement contre ce meurtre lâche.

À cet instant suprême, une voix s’élevait au dedans de lui et lui criait : « Arrête ! » Il hésitait. Il avait comme un vague désir de s’élancer sur la route de Tuam et de crier à son rival : « La mort est là, n’avancez pas ! »

Mais cet homme ! oh ! cet homme qui lui enlevait le cœur d’Ellen ! il le haïssait d’une haine fougueuse et profonde autant que son amour.

Il était emporté par une puissance mystérieuse ; sa volonté muette ne lui parlait plus ; il y avait un épais bandeau sur sa raison ; il n’était plus lui-même ; c’était comme une folie.

Ellen ! Ellen ! ce nom emplissait son cœur ; cette pensée était sa pensée unique, incessante ; il ne voyait rien qu’Ellen ; Ellen était son seul désir en ce monde et dans l’autre.

Et cet homme était venu lui voler le cœur de la noble heiress !

Jermyn restait cloué à la même place, regardant toujours l’endroit où la planche avait basculé, l’endroit où peut être le sabot du cheval de Mortimer toucherai la fange mortelle pour la première fois.

Ce vide qui restait entre les deux fragments