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DEUXIÈME PARTIE

Ce matin, quand Ellen était rentrée de son excursion nocturne, Jermyn n’avait point levé sur elle son regard ; il n’avait point bougé, tant il était absorbé dans sa haine, qui était une portion de son amour.

Le Brûleur avait dû parler cette nuit, le sort de sa vengeance était décidé désormais…

Il était resté là des heures entières, courbé sous le poids de sa penser.

Jermyn était brave ; s’il attaquait ainsi son ennemi ce n’était point par lâcheté ; bien souvent il avait tressailli d’envie en songeant à la possibilité de se trouver face à face avec le major et l’épée à la main.

Mais quelque chose lui disait que le meurtrier de Percy Mortimer serait pour Ellen un éternel objet d’horreur ; il n’osait pas tuer, parce qu’il espérait toujours être aimé.

Il saisit un des mousquets suspendus au-dessus de la cheminée, et suivit le Brûleur qui se dirigeait, une hache à la main, vers la chaussée de planches.

Depuis le premier coup de hache, il avait assisté, immobile et muet, à l’œuvre de destruction.

Maintenant tout était dit, et, pour la première fois, sa conscience se faisait entendre.