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DEUXIÈME PARTIE

Un sanglot déchira sa poitrine, et ses doigts crispés pressèrent son front convulsivement.

— Ellen ! noble Ellen ! dit l’enfant qui s’était agenouillée auprès d’elle, ne pleurez pas ainsi !… Qu’avez-vous, ma maîtresse ?… C’est moi, votre petite Peggy, que vos larmes font pleurer…

Ellen n’entendait pas.

Tout à coup elle se retourna vivement, comme si un aiguillon l’eût piquée par derrière, et regarda son lit.

Son lit n’était point défait.

Elle poussa un grand cri.

Puis ses bras retombèrent le long de son corps.

— Ellen ! ô noble Ellen ! qu’avez-vous ? disait l’enfant en sanglotant.

— Je n’étais pas ici, cette nuit, murmura l’heiress ; où étais-je ?…

— Quanti je me suis endormie, répliqua l’enfant, vous étiez assise sur votre lit, ma maîtresse… et quand je me suis éveillée ce matin, je vous y ai vue encore…

Les yeux égarés d’Ellen se perdirent dans le vide.

— Hier !… ce matin ! répéta-t-elle comme si elle avait taché avec désespoir de ressaisir ses idées fugitives. Cette nuit !… cette nuit !