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LES SAXONS.

Son œil se baissa, tandis qu’un tremblement agitait sa lèvre.

— Il n’y a ici que Mickey et Sam qui dorment, poursuivit Peggy ; faut-il les éveiller ?

— Non, répondit Ellen.

Elle retourna vers la fenêtre et considéra la hauteur du soleil.

Puis, sans s’arrêter à réfléchir davantage, elle abaissa le capuce de sa mante sur son front et sortit de la ferme.

Le soleil inondait le versant du Mamturck, mais ses rayons n’avaient pu dissiper encore le voile de brouillard qui couvrait le Corrib.

L’heiress descendit la montagne. Malgré les fatigues de la nuit, elle avait encore son pas rapide et ferme.

Elle traversa le village de Corrib, dont presque toutes les maisons étaient désertes.

Quelques vieillards restaient seulement sur leurs portes, et tous la saluèrent avec respect.

Ellen atteignit les bords du lac, choisit un bateau dans les roseaux et rama de toute sa force dans la direction de Tuam.

À Tuam il y avait eu grande bataille la veille entre les catholiques et les protestants de la ville, soutenus par des orangistes venus de l’Ulster.