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LES SAXONS.

froideur immobile qui repoussait l’œil et glaçait le cœur.

Mais ce flegme, qui était au dedans de lui comme au dehors, pouvait être regardé comme un don suprême dans la position où la fortune l’avait placé.

Il était en Irlande où le terrain brûle et tremble, entre deux partis animés l’un contre l’autre d’une haine aveugle, et toujours prêts à s’entre-déchirer. Il fallait qu’il contînt à la fois les catholiques innombrables et les protestants plus rares, mais plus instruits, plus riches et plus tracassiers.

Il fallait qu’il se dressât au milieu des deux camps comme un mur de glace, fatiguant les efforts mutuels et contraires, lassant les haines fougueuses, et préparant lentement la concorde future par l’impossibilité de la lutte.

Il fallait qu’il personnifiât l’équité sous sa forme la plus sensible, afin que tous reconnussent en lui, qui était le représentant de l’Angleterre, une puissance secourable aux bons, terrible aux méchants.

Et il accomplissait ce rôle ardu avec une persistance héroïque.

Il avait contre lui la haine envieuse de son supérieur immédiat, le colonel Brazer, chef mi-