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LES SAXONS.

main qui avait choisi Percy Mortimer est habituée à ne se point tromper.

Pour soutiens dans sa lutte épuisante, il avait la discipline anglaise, qui ne sait point fléchir, et l’homme dont le bras tout-puissant supporte la politique des trois royaumes.

Robert Peel l’avait jugé ; il avait confiance en lui ; et lui, comprenant la pensée de Robert Peel, s’y était donné corps et âme.

Mais sous cette enveloppe froide qui était pour le major Percy Mortimer, au milieu de sa difficile mission, une armure indispensable, il y avait un cœur loyal, une franchise chevaleresque et un besoin d’aimer qui, refoulé sans cesse, sans cesse tendait à se faire jour.

Son intelligence haute et positive s’alliait à une grande générosité.

Le terrible chasseur des Molly-Maguires avait fait grâce bien des fois, lorsque nul œil intéressé ne pouvait accuser sa clémence.

Il avait fait grâce, parce qu’il y avait au fond de son cœur une immense pitié pour ce peuple malheureux, courbé sous le fardeau trop lourd de sa misère, et peut-être aussi parce qu’au moment où son épée se levait, il s’était souvenu d’une belle jeune fille qui était de ce peuple et qui l’aimait.