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LES SAXONS.

Durant deux minutes encore, le galop des chevaux résonna sur le bois solide.

Puis les deux premiers chevaux bronchèrent à la fois.

Les éperons de leurs cavaliers leur donnèrent un élan nouveau ; ils se précipitèrent en avant, bronchant encore, jusqu’à ce que le sol vînt à manquer sous leurs pieds.

Les cavaliers qui venaient ensuite éprouvèrent le même sort, et, comme les premiers, par l’effet de l’impulsion donnée, avaient franchi un assez large espace depuis le premier madrier scié, tous les dragons, sans exception, se trouvèrent engagés dans le piège.

Les chevaux avaient de la fange jusqu’à la sangle, et s’agitaient en soufflant au milieu de l’océan de boue.

Ils s’enfonçaient lentement, et leurs efforts mêmes hâtaient leur perte.

Durant une ou deux secondes, ce fut une scène de tumulte affreux ; les cris et les plaintes se croisaient, mêlés à d’impuissants blasphèmes.

La plupart des dragons étaient tombés en dehors de la chaussée, qui, du reste, présentait maintenant une série de trous assez larges pour engloutir hommes et chevaux.

Dans le premier moment, le danger ne leur