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DEUXIÈME PARTIE

apparaissait point sous sa véritable face ; ils se croyaient embourbés tout au plus, et redoutaient seulement une attaque plus ou moins éloignée dans cette position défavorable.

Mais bientôt ils s’aperçurent que leurs chevaux enfonçaient de plus en plus ; la fange délayée arrivait à la selle.

Les cris cessèrent ; il se fit un silence morne.

— Accrochez-vous aux troncs d’arbres ! cria Percy Mortimer, qu’un écart de son cheval avait jeté loin des débris de la chaussée.

Il n’avait point quitté la selle, et au milieu de ce terrible danger, son pâle visage restait toujours froid et calme.

— Accrochez-vous aux troncs d’arbres ! répétèrent cent voix railleuses qui semblaient partir des buissons voisins.

Puis ce fut un long éclat de rire ; puis le silence encore.

Les chevaux enfonçaient ; les selles disparaissaient presque, et les dragons s’étaient mis à genoux sur le dos de leurs montures…

Au loin, du côté des lacs, le point rouge grandissait, grandissait et s’avançait rapidement.

Les dragons crièrent « au secours ! » Les voix moqueuses répétèrent « au secours ! » et chaque