Page:Féval - La Quittance de minuit, 1846 - tome 2.djvu/289

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
281
LES SAXONS.

Et ces cris de sauvages ivres tombaient comme de poignants reproches sur le cœur de Jermyn Mac-Diarmid. C’était lui qui leur faisait ces féroces allégresses ; c’était lui qui tuait de loin tous ces hommes : l’idée du piège lui appartenait…

Honte ! honte ! l’esprit du dernier des Mac-Diarmid s’engourdissait ; ses yeux ne voyaient plus qu’à travers un brouillard.

La mante rouge passait en ce moment vis-à-vis des Molly-Maguires, dispersés sur les mamelons de terre ferme.

— Allons, commère ! dit Mac-Duff, vous voici arrivée… venez avec nous !

La mante rouge glissa comme une flèche à quelques pieds de lui, au galop de ses deux poneys, et ne répondit point.

Son capuchon rabattu lui cachait le visage. Elle continua sa route vers la chaussée.

Le major, rendu à lui-même par les mouvements convulsifs de son cheval qui sortait peu à peu de sa prison de boue, venait de jeter derrière lui un regard qui lui avait montré la terre ferme à sa portée.

En ce premier moment l’instinct de conversation, qui est au cœur de l’homme le plus vaillant, l’emporta sur toute autre pensée.