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DEUXIÈME PARTIE

Le major était debout sur sa selle ; il tendit ses jarrets pour prendre son élan.

La mante rouge arrivait à cet instant sur la langue de terre qui lui faisait face. Elle s’arrêta court.

— Poussez-le, commère ! cria Mac-Duff ; il est bien là ! empêchez-le d’aborder !

La mante rouge mit pied à terre lestement, et fit entrer l’un de ses poneys dans la vase. Du geste et de la voix elle appela Mortimer.

Celui-ci, quittant la selle de son cheval, sauta sur le dos du poney, qui fit effort, glissa, se reprit, et bondit enfin sur le sol ferme.

La foule rugissante s’élança hors des buissons, et vint jusque sur le bord du Doon.

Impossible de faire un pas de plus en avant !…

— Tirez ! criait-on de toutes parts ; c’est un homme déguisé ! Tirez ! ceux qui ont des fusils !…

Ils gesticulaient comme des forcenés. Une part de leur vengeance leur échappait, et c’était la meilleure.

Quatre ou cinq coups de fusils partirent…

Jermyn seul ne s’était point avancé. Il demeurait immobile sur son tertre.

La toile qui couvrait son visage était mouillée de sueur…