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LES SAXONS.

Ils chantaient, ils criaient, ils éclataient en rires convulsifs.

La plupart s’étaient levés ; les shillelahs se choquaient dans l’ombre, on louait Dieu, on attestait la Vierge parmi des blasphèmes inouïs.

Ellen était là comme au milieu d’un rêve affreux ; son esprit nageait en un vague plein d’angoisses ; elle ne pensait plus, et l’excès de son martyre lui en ôtait en quelque sorte la conscience.

Il s’était fait cependant un mouvement sur l’estrade, et Mahony, entouré d’une horde enthousiaste qui avait envahi l’espace laissé libre, suivait ce mouvement d’un œil curieux.

Molly-Maguire s’était rapprochée des hommes masqués qui se tenaient derrière elle.

Une discussion courte et vive s’engagea ; on parlait tout bas. Mahony tendait le cou pour entendre ; mais, au milieu du fracas général, bien peu de mots arrivaient à ses oreilles.

Il entendit seulement une voix qui ressemblait à celle de Mickey Mac-Diarmid et qui disait :

— Frère, vous êtes le premier, mais vous n’êtes pas le maître… Le bras qui voudra retenir cette foule sera brisé… Que Mortimer meure !

Quelques paroles s’échangèrent encore, puis Molly-Maguire revint au-devant de l’estrade.