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DEUXIÈME PARTIE

et son corps énorme s’étendit, porté en triomphe au-dessus des tètes courbées.

La ronde continua un instant encore, puis ce fut une clameur suprême. Le flot s’affaissa ; les danseurs étaient couchés pantelants sur le sol.

Mahony regagna paisiblement son poste.

Quelques minutes après, le silence régnait dans la galerie.

Tout cet enthousiasme était tombé ; la fièvre folle s’était calmée.

On écoutait le roi Lew qui parlait.

Pendant la ronde, Ellen s’était adossée, à demi morte, à la paroi froide.

Et, tandis que la cohue ivre célébrait par avance la mort de son terrible ennemi, tandis que les gens de l’estrade, immobiles et glacés comme des statues, contemplaient, sans y prendre part, le tumulte insensé, l’heiress tâchait de prier. Ses lèvres murmuraient machinalement des paroles d’oraison ; du sein de sa détresse, elle essayait d’élever encore son âme jusqu’à Dieu.

Un instant elle crut que Dieu l’avait entendue : un rayon d’espoir descendit en son cœur qui se reprit à battre ; le sang revint à sa joue ; tout son pauvre corps réchauffé se sentit vivre.

La chaussée de planches était la route la plus