Page:Féval - La Quittance de minuit, 1846 - tome 2.djvu/74

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
66
DEUXIÈME PARTIE

Avez-vous cru que je trouverais la joie dans ces splendeurs de Londres, et que je pourrais oublier l’humble toit du vieux Mill’s notre père, nos frères, la noble Ellen et notre amour ?

« Hélas ! je puis parler ainsi, quoique je sois la femme de lord George ; je puis parler d’amour, Morris, et vous dire : je vous aime ; car lord George a brisé cette union que Dieu n’avait point bénie ! Entre les vivants et moi, il y a la pierre sourde d’une tombe. Je m’appartiens, ce qui me reste de vie est bien à moi, à vous, Morris, à vous tout entier.

« Mais peut-être ne m’aimez-vous plus…

« Mon Dieu ! tous les jours, et bien des fois chaque jour, je me mets à genoux sur la terre froide pour vous prier en pleurant ; je tâche de supporter sans murmurer la peine que vous m’avez donnée… Mon Dieu, faites que Morris m’aime encore et que je le revoie une fois avant de mourir !
 

« Qu’elles étaient belles et douces ces heures du matin où vous mettiez mon bras sous votre bras, Morris, où nous descendions tous deux les sentiers verts du Mamturk !

« Sentiez-vous mon cœur ? Il battait bien fort !… c’est que j’étais heureuse !…