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Page:Féval - La Quittance de minuit, 1846 - tome 3.djvu/100

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TROISIÈME PARTIE.

gagna le port, afin de retenir une barque pour traverser la baie.

Le sloop du roi Lew était la plus jolie embarcation de Galway ; de plus, il était pavoisé du haut en bas aux couleurs du Rapeal : le valet de Mary Wood ne pouvait faire un choix meilleur, et ce n’était pas trop d’un sloop pour une femme de cette importance.

Elle eût préféré peut-être arriver au château de Montrath dans son magnifique équipage ; mais la route de Galway au cap Ranach est presque partout impraticable aux voitures.

Au bout de deux heures de repos, mistress Wood sortit de son hôtellerie et remonta dans son équipage, dont les chevaux portaient maintenant de belles cocardes vertes.

La foule se porta encore sur son passage, mais on ne la prenait plus pour la reine. Pendant ces deux heures, des bruits nouveaux avaient circulé de cabaret en cabaret. Mille versions s’étaient croisées, dont la plus vraisemblable portait que la noble étrangère était la jeune épouse de Daniel O’Connell, marié tout récemment et en secret à une bonne fille de Kilkenny.

Ce n’étaient plus les mêmes acclamations bruyantes, mais une sorte de respect attendri.

— Que la Vierge et les saints la protègent ! di-