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LE CHATEAU DE MONTRATH.

sait-on. Le vieux Dan s’y connaît, le cher cœur !… il a bien choisi, sur ma foi !…

— Il va venir !… il va venir bientôt, et, avant midi, nous les verrons bras dessus, bras dessous, les deux chéris, se promener à pied, comme de pauvres gens, par la ville…

Mary Wood se renversait, affaissée, dans son équipage. Ces bruits parvenaient à son oreille comme un murmure confus. Elle était dans ce moment de béatitude lourde qui suit la première excitation de l’ivresse.

Il eût fallu, pour l’éveiller, le triomphant tonnerre qui avait salué son arrivée.

Le roi Lew et ses matelots n’étaient pas tout à fait aussi crédules que les pauvres gens des campagnes répandus ce matin sur le pavé de Galway. Mary Wood leur apparut ce qu’elle était en effet : une créature ivre ; mais elle avait des plumes à son chapeau de paille, des diamants et du velours.

On l’accueillit à bord du sloop avec de grands respects, et l’on ne se moqua d’elle que tout bas.

Elle avait pris avec elle quatre de ses valets seulement. Les autres, sur son ordre, étaient restés à Galway avec ses femmes. De vagues idées de crainte venaient parfois à Mary Wood, aux heures bien rares où elle était saine d’esprit.