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Page:Féval - La Quittance de minuit, 1846 - tome 3.djvu/110

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TROISIÈME PARTIE.

On eût dit qu’il n’y avait point d’âme derrière ces traits, tant leur ensemble peignait la stupéfaction pesante et l’inerte abrutissement.

Durant quelques secondes, elle demeura renversée sur son fauteuil, savourant la chaleur aimée que l’alcool développait au dedans d’elle.

Au bout de ce temps, elle se redressa lentement et mit son regard fixe sur Georgiana.

— L’autre doit être plus pâle que cela maintenant ! murmura-t-elle d’une voix sourde et de manière à être entendue de lord George tout seul. À quoi pense-t-on quand on ne voit plus les vivants ?…

Elle eut un sourire et reprit tout haut :

— À bas les orangistes, de par le nom de Dieu !… Je suis la reine des bonnes gens de Galway, savez-vous, petite femme ?… Ils se sont attelés à ma voiture et l’ont traînée comme des chevaux !… Ah ! ah ! c’est que je suis une femme riche, milady : j’ai quatre laquais ici, à Montrath, et quatre laquais à Galway… Qui donc serait assez fou pour tenter de m’assassiner ?…

Les deux jeunes femmes échangèrent un regard.

Montrath, en qui une réaction se faisait, haussa les épaules avec colère.

— Asseyez-vous là auprès de moi, Montrath