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Page:Féval - La Quittance de minuit, 1846 - tome 3.djvu/119

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LE CHATEAU DE MONTRATH.

ment diable, milord, ajouta-t-elle tout à coup en fronçant le sourcil, vous me faites faire des voyages et vous ne voulez pas les payer !… Vous partiez pour l’Irlande : ne fallait-il pas bien que je vous suivisse, afin de voir un peu ce que deviennent nos domaines ?… Ne fallait-il pas bien fréter un paquebot pour moi toute seule, augmenter ma maison, jeter de l’or à ces bonnes gens de Galway, qui m’ont prise pour la reine ?… car ils m’ont prise pour la reine, Montrath ! poursuivit-elle en se rengorgeant, je vous le jure sur l’honneur !… J’ai de l’honneur, moi aussi !… Qui n’en a pas ? Ils criaient : « Longue vie à Sa Majesté !… » Ah ! ah ! ah ! ah ! J’aurais voulu avoir la valeur de Montrath en bank-notes pour les jeter à ces bonnes gens qui me prenaient pour la reine !… Vous ne croiriez pas cela, vous, Montrath, qui êtes un pince-maille : rien que pour venir de Galway ici, il m’en a coûté cent guinées !

— Cent guinées ! répéta le pauvre lord.

— Cent guinées, oui, vraiment !… et encore je n’ai pris qu’un sloop avec douze hommes d’équipage… S’il y avait eu dans le port un brick tout prêt, j’aurais préféré cela… J’aurais mieux aimé encore un trois-mâts, et si j’avais pu mettre la main sur un vaisseau de guerre…