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Page:Féval - La Quittance de minuit, 1846 - tome 3.djvu/136

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TROISIÈME PARTIE.

— Où voulez-vous que nous vous mettions ?

— À terre, le plus près possible du château de Montrath.

— Nous n’avons qu’à retourner sur nos pas, dirent les mariniers, mais gare aux laquais de la folle !…

Les rameurs nagèrent de nouveau vers le rivage. Mary Wood et ses laquais avaient dépassé déjà le sommet du Ranach ; il n’y avait plus personne pour voir ce qui se passait sur la plage.

Morris sauta hors de la chaloupe, franchit le galet en quelques bonds et disparut dans la fissure qui servait d’entrée à la galerie du Géant.

— Jésus ! disaient les matelots du roi Lew en le voyant courir ; voici Mac-Diarmid devenu fou !…

Mac-Diarmid s’était accroupi derrière les lèvres de la fissure, le dos tourné au jour. Et il lisait. Son cœur se fendait. De grosses larmes roulaient et se séchaient sur sa joue brûlante…

Il y avait en lui une joie qui allait jusqu’au délire et aussi un poignant désespoir…

De temps en temps ses pleurs abondants l’aveuglaient ; il ne pouvait plus lire l’écriture mal assurée.

Alors il joignait ses mains avec passion, et son âme s’élevait vers Dieu en une prière ardente.