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TROISIÈME PARTIE.

qui était précieux, ce que je devais conserver au prix de tout le reste, c’était sa vie ! sa présence chère, son amour qui était mon bonheur !… Je l’ai trahie ; je l’ai livrée malgré mon père, malgré mes frères qui savaient l’aimer mieux que moi !…

La servante saxonne, qui semblait placée auprès de Jessy pour railler sa captivité triste, mettait du froid dans les veines de Morris ; ce nom de Mary Wood éveillait en lui comme un pressentiment sinistre.

Il l’abhorrait d’instinct et il la redoutait, avant même d’avoir lu la partie du récit qui montrait cette Mary Wood accompagnant Jessy dans son mystérieux voyage et l’abandonnant au fond de la prison qui devait lui servir tombeau.

Rien ne lui disait cependant qu’il venait de voir cette Mary Wood, et que les quatre épées qui tout à l’heure avaient menacé ensemble sa poitrine étaient sorties du fourreau sur l’ordre de la servante saxonne.

Jessy restait seule ! La Saxonne remontait vers le jour, et il se faisait du côté de la porte un bruit qui retentissait jusqu’au fond du cœur de Morris : le bruit des pierres qu’on scellait pour élever un mur et fermer cette tombe !…