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Page:Féval - La Quittance de minuit, 1846 - tome 3.djvu/146

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TROISIÈME PARTIE.

ne console ma souffrance. Les longues nuits de fièvre m’apportent leurs terreurs. J’entends des bruits qui me glacent, et des voix effrayantes parlent de mort autour de moi, dans les ténèbres…

« Personne ne retourne ma couche, durcie sous le poids de mon corps. Ma lèvre était ardente ; la soif desséchait mon palais ; il y a loin de mon lit au vase qui contient l’eau que l’on me donne… Je ne pouvais le saisir…

« Cela vous paraîtra une bien petite souffrance, au milieu de mon martyre, Morris, mais j’aurais donné le reste de mes jours pour une goutte de cette eau, que je voyais si près de moi !

« Ah ! la soif ! quand la fièvre met du feu dans la poitrine ! Il me semblait parfois que vous alliez venir pour me donner un peu de cette eau… Je vous appelais, je vous disais d’avoir pitié de moi qui mourais de soif et qui étais trop faible pour me traîner jusqu’à cette eau !… »

La respiration de Morris sifflait dans sa poitrine oppressée. Ce mal affreux que dépeignait la pauvre Jessy, Morris le sentait au décuple. Sa lèvre était aride et sa langue desséché n’humectait plus son palais en feu.

« Je croyais bien que j’allais mourir, reprenait Jessy, et je priais Dieu de tout mon cœur