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Page:Féval - La Quittance de minuit, 1846 - tome 3.djvu/145

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LE CHATEAU DE MONTRATH.

Dites lui que je l’aime et que je pense à lui toujours !

« Aucun de nos frères ne se dispensait de visiter la pauvre malade. Mickey, dont l’amitié ne m’a point oubliée, j’en suis sûre ; Natty, Sam, Larry, les compagnons de mon enfance, si complaisants à mes jeux, si doux à mes caprices ; Dan, notre joyeux Owen, et Jermyn, qui venait mettre sa blonde tête d’enfant sur mon oreiller, et qui pleurait à me voir souffrir…

« Et vous, Morris, et vous !… Les autres allaient et venaient ; ils étaient mes amis, vous étiez mon fiancé !… Comme vous m’aimiez !… Les veilles avaient pâli votre noble visage… Vous étiez là, toujours, épiant mon désir, interprétant ma plainte… Quand je m’endormais, mes yeux, en se fermant, voyaient votre affectueux sourire ; quand je me réveillais, mon premier regard vous retrouvait souriant et faisant effort pour me cacher votre inquiétude. J’étais bien heureuse au milieu de ma peine, et, lorsque vint la convalescence, j’avais presque regret à me guérir…

« Quelle différence, mon Dieu ! entre les jours d’alors et ceux d’aujourd’hui ! Ici la maladie est bien cruelle !… Je suis seule ; nulle main secourable ne vient adoucir mon mal, nulle voix amie