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LE CHATEAU DE MONTRATH.

autre parole. Un monde de pensées s’agitait dans le cerveau de la pauvre femme.

Le sommeil d’Owen était désormais paisible et muet.

Kate demeura encore durant quelques secondes attentive. Puis ses yeux se mouillèrent, attendris.

— C’est moi, dit-elle, je crois que c’est moi !… J’étais auprès de lui cette nuit quand je me suis éveillée…

Elle se pencha doucement, et mit un baiser sur le front d’Owen endormi. Puis elle se mit à genoux et pria Dieu pour lui. Puis encore elle jeta sur ses épaules l’étoffe lourde et à peine séchée de sa mante rouge.

Son pas chancelant se dirigea vers la porte. Avant d’arriver au seuil, elle se tourna bien des pour regarder Owen. Son cœur se fendait.

Tout auprès de la porte elle s’arrêta, composant avec elle-même et se disant :

— Je puis bien attendre encore un peu… Quand il sera tout près de s’éveiller je m’en irai.

Owen fit un mouvement qui semblait annoncer la fin de son sommeil. Elle rassembla son courage et franchit le seuil. La porte retomba sur elle avec un bruit connu qui retentit jusqu’au